Publié en 2011 par Raysoleil
Vous vous souvenez sans doute du spectacle de la mi-temps du Super Bowl 2004, au cours duquel Justin Timberlake découvrait, comme par accident, un sein de Janet Jackson à la fin de leur performance. Une tempête médiatique s’en suivit pendant plusieurs semaines, alors que tout le monde a parlé de cet événement, qualifié de scandaleux. Les Américains ont quelquefois de ces réactions qui demeurent, pour moi, un mystère, car on voit bien pire, tous les jours, à la télé, aux heures de grande écoute. Pour ma part, j’ai trouvé ça plutôt rigolo, aucunement pornographique, encore moins scandaleux, juste surprenant et rigolo.
L’attitude générale, à l’égard de cet événement, dénote toutefois quelque chose de beaucoup plus profond et il faut se questionner sur le pourquoi d’un tel malaise face à la nudité, même partielle, en 2011. Par exemple, une bonne majorité de personnes est encore, aujourd’hui, inconfortable de voir une femme allaiter son bébé dans un lieu public. Il s’agit pourtant d’un geste tout à fait naturel, normal et sain.
Malgré que les jeunes d’aujourd’hui soient confrontés très tôt à la nudité, beaucoup plus tôt que les générations passées l’ont été à leur époque, il semble y avoir encore une certaine forme de tabou autour du corps et de la nudité.
Les jeunes sont fortement influencés par les artistes, les chanteurs et les acteurs, par les images corporelles toujours retouchées, irréelles et, bien entendu, inaccessibles, que l’on trouve dans les magazines; il s’agit d’un environnement hypersexualisé qui crée une sorte de confusion rendant difficile la dissociation de la nudité et de la sexualité.
Sans vouloir généraliser, ils ont tendance à en montrer beaucoup en portant des tenues souvent inappropriées, selon moi, pour aller à l’école ou au travail. Les sous-vêtements qui sont censés, comme le mot le dit, se porter sous les vêtements, sont devenus des articles que l’on expose volontiers. Les jeunes femmes laissent dépasser leur string de leur pantalon à taille basse, laissent voir leur soutien-gorge et les jeunes hommes portent le pantalon au milieu des fesses, montrant clairement leurs bobettes.
Paradoxalement, on retrouve une espèce de pudibonderie chez ces mêmes jeunes adultes qui s’avère difficile à expliquer. Je pratique l’entraînement en salle depuis plus de 25 ans. Depuis quelques années, au gym où je m’entraîne, je constate un certain malaise, particulièrement chez les jeunes au début de la vingtaine, quand vient le temps de se dévêtir dans les vestiaires. Par exemple, au lieu d’enlever carrément leurs vêtements pour se changer, ils nouent une grande serviette autour de la taille, enlèvent leur sous-vêtement pour enfiler leur short de sport et ils laissent ensuite tomber la serviette. La même procédure se répète au retour. En ce qui concerne les douches, la tendance des établissements sportifs est d’aménager des cabines de douche individuelles avec des rideaux au lieu d’avoir, comme c’était le cas auparavant, des douches communes. À mon gym, il y a trois cabines individuelles et une salle commune comportant six douches. Ce qui est surprenant, c’est qu’il y a souvent une file d’attente aux cabines individuelles et, quand les gars n’ont pas le temps d’attendre, certains prennent leur douche en caleçon!
Pourtant, y a-t-il quelque chose de plus normal que d’être nu pour prendre sa douche? Quelle sorte d’hygiène peut-on avoir en prenant sa douche en bobettes? Pourquoi ces jeunes sont-ils si mal à l’aise de se dévêtir en présence de personnes de leur propre sexe?
Il est vrai que je pratique le naturisme depuis longtemps, que je suis totalement à l’aise avec ça, mais je peux également comprendre que ce n’est pas le cas de tout le monde. Il demeure important de se questionner sur l’origine de ce phénomène plutôt nouveau dont j’ignore s’il est aussi marqué du côté des jeunes femmes, quoique les femmes, par nature, sont généralement plus prudes. Quand j’étais étudiant, cette question ne se posait pas, il n’y avait que des douches communes et personne ne s’en formalisait.
Qui a montré à ces jeunes à se cacher ainsi? Leurs parents ont probablement mon âge, à peu de chose près. Pour moi, qui suis né au tout début de la Révolution tranquille, malgré le fait qu’il s’agissait d’une époque de grands changements, d’ouverture et de libération, l’influence de la religion était encore relativement présente. Chez mes parents, comme dans la plupart des familles québécoises, il aurait été impensable de se promener nu à la maison; la nudité se vivant dans l’intimité de sa chambre à coucher ou de la salle de bain, de préférence, la porte verrouillée. Il ne s’agit pas ici de juger qui que ce soit, c’est une simple question d’époque et de valeurs personnelles.
Malgré tout, j’ai développé, relativement tôt, une ouverture d’esprit face au mode de vie naturiste, ce qui m’a grandement aidé à accepter mon propre corps, qui est loin d’être parfait, et qui m’a permis de l’habiter totalement. Je peux dire aujourd’hui, à l’aube de la cinquantaine, que je suis en parfaite harmonie avec mon corps et mon esprit et que je le dois, entre autres, à la pratique du naturisme que je considère comme faisant partie d’un régime de vie sain.
Le naturisme aide aussi à accepter, quand vient le temps, le processus du vieillissement, car nous avons été en mesure de l’apprivoiser graduellement en côtoyant des personnes plus âgées, en milieu naturiste.Malgré ce que certains en pensent, le corps humain vieillissant n’est pas laid, il est simplement différent. Ces rides, ces bourrelets, ces vergetures, ces cicatrices, ces chairs un peu plus flasques témoignent de l’expérience et décrivent tout un parcours de vie.
La découverte du naturisme fait partie d’un cheminement personnel, différent pour chacun. On pratique le naturisme tout d’abord pour soi et non pour faire plaisir à quelqu’un d’autre. Ce corps, bien sûr, nous appartient, tout comme la décision de le cacher ou de l’exposer. Tout en respectant le cheminement de chacun, j’espère que les jeunes gens se donneront la chance de découvrir ce merveilleux mode de vie naturiste, pour leur bien-être tout d’abord, mais aussi, parce que le mouvement naturiste québécois a grand besoin d’eux, de leur énergie, de leurs idées et de leur engagement.
Je profite d’ailleurs de ce petit article pour inviter les jeunes femmes et les jeunes hommes à s’exprimer là -dessus dans le forum de la FQN, <Toutnu.ca>, ce qui pourra aider la Fédération à cibler leurs besoins afin que nous puissions, tous ensemble, envisager un avenir prometteur pour le naturisme.


