Jeunesse en colère dans une société en ruines

Par RaySoleil

J’ai lu cette phrase que quelqu’un avait écrite sur le trottoir, près de mon lieu de travail, avec de la peinture en aérosol rouge. En la lisant, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle comporte un fond de vérité et résume un peu le contexte dans lequel nous évoluons.

Par ce conflit étudiant, qui a duré plusieurs mois, nos jeunes ont lancé un cri du cœur et ont exprimé un besoin impératif d’être entendus par nos dirigeants. Plusieurs personnes, de différentes sphères de la société ont accordé leur appui aux étudiants, ont manifesté avec eux dans le but, eux aussi, d’envoyer un message à nos élus.

Les jeunes sentent-ils qu’ils ont leur place dans cette société gouvernée et conçue par les baby-boomers qui ont largement profité des largesses du système, des années de vache grasse sans trop se soucier des générations futures, sans préparer adéquatement une relève afin de construire la société de demain? Résultat : dès la minute de sa naissance, un bébé québécois a déjà une dette de 38 000 $. La santé, l’éducation, la justice, le marché de l’emploi, l’accès à la propriété, les systèmes de pension, la situation économique en général : nous avons l’impression que tout va de travers et que tout tombe en ruines.

Quoiqu’il en soit, les jeunes qui ont peu connu l’époque de l’État-providence devront se débrouiller davantage par eux-mêmes pour répondre à leurs besoins de base et assurer leur avenir.

D’ailleurs, ils ont une façon bien différente de voir les choses et d’aborder la vie. Ils évoluent dans une société très individualiste, exigeante, axée sur la performance et les hautes technologies et ils ont une relation différente avec l’autorité qu’ils traitent davantage comme leur égal. Leurs relations interpersonnelles sont complexes, souvent éphémères par leur caractère virtuel. Ils n’ont pas été habitués à attendre, à se priver ou à négocier le meilleur prix possible pour sauver quelques dollars. Élevés à l’ère de l’argent de plastique, ils profitent très tôt d’une marge de crédit qui leur permet de satisfaire leurs besoins immédiatement. De plus, même si cela peut s’avérer une arme à deux tranchants, ils ne tolèrent pas longtemps les situations qui les dérangent et sont, en ce sens, plus libres que nous l’étions à leur âge et que nous le sommes encore maintenant. Leur vision n’est ni meilleure ni pire que celle des générations passées, elle est simplement différente. Dans tout ce tourbillon, quelques-uns cherchent, malgré tout, à retrouver une certaine stabilité, les valeurs traditionnelles et à fonder une famille rapidement.

Dans le cadre naturiste, nous pouvons constater que la dynamique est exactement la même. A l’instar de la société textile, la population naturiste vieillissante, notamment celle établie dans les centres naturistes, n’a pas investi dans la préparation d’une relève et voit d’un très mauvais œil que des jeunes viennent perturber la tranquillité de leur petit paradis et bouleverser leurs habitudes. Une certaine forme d’égoïsme, qui caractérise souvent les gens d’un certain âge qui, après avoir tant profité des belles années du naturisme au Québec, n’ont pas jugé bon de faire quoi que ce soit pour freiner le déclin de cette pratique et éviter de se retrouver dans le creux de vague que nous subissons maintenant.

Il faut se poser la question à savoir pourquoi les jeunes sont si peu interpelés par le naturisme. Selon moi, cette situation est due à plusieurs facteurs dont :

• L’hypersexualisation de la société
Tout est axé sur le sexe : la mode, la publicité, le cinéma. On ne cache rien, on expose tout, sans arrêt et en toute circonstance, ce qui fait que les jeunes, ayant grandi dans cet environnement, ont de la difficulté à dissocier nudité et sexualité et ce, même s’ils se retrouvent dans un environnement non-sexuel.

• Le manque d’activités qui les intéressent
Les centres d’intérêt des jeunes sont bien différents de ceux de leurs aînés. Très friands des technologies, ils ont besoin d’être sans cesse surpris et stimulés intellectuellement et ont tendance à vite se désintéresser des choses. Ils ont été élevés à l’époque du « consommer-jeter » alors que rien n’est vraiment durable. Le renouveau continuel semble donc bien nécessaire à leur épanouissement.

Aux plus âgés, je dirais que les jeunes ne sont aucunement une menace. Vous auriez avantage à les écouter, car ils ont beaucoup à nous apprendre. Il faut leur laisser prendre leur place, faire leurs propres expériences, les conseiller, les encadrer, en plus de les soutenir. Il faut à tout prix éviter que le naturisme s’éteigne avec la génération des boomers. C’est notre devoir de citoyen naturiste.

À vous, jeunes femmes et jeunes hommes dans la vingtaine, prenez votre place et poursuivez l’œuvre de vos aînés qui ont tant fait pour la cause naturiste et qui sont encore là pour transmettre leur précieuse expertise. C’est à vous que revient la tâche de redéfinir la pratique du naturisme au Québec. Exprimez-vous, faites part de vos besoins, soumettez des projets mobilisateurs d’intérêt pour les gens de votre génération. Votre apport ne pourra qu’être positif pour la communauté naturiste tout entière.

Vous avez maintenant une personne de votre âge qui siège au conseil d’administration de la FQN, alors proposez-lui vos services et je suis certain que vous bénéficierez d’une oreille attentive.

En terminant, je vous parlerai du jeune Frédéric, qui a été embauché pour occuper un emploi d’été et que j’avais la responsabilité d’encadrer et de superviser. Au départ, quand mon directeur m’a annoncé cette embauche, j’étais plus ou moins favorable, car cela représente beaucoup de travail et de temps de s’occuper d’un étudiant. J’ai toutefois découvert en ce jeune homme de 21 ans, en deuxième année du baccalauréat, quelqu’un d’articulé, de débrouillard et de performant. Bien sûr, il avait beaucoup à apprendre sur le terrain et je lui ai permis de bénéficier de mes trente ans d’expérience dans mon champ d’activité.

Je dois avouer qu’il m’a aussi appris beaucoup de choses, notamment sur sa conception du milieu professionnel, sur sa vision de l’autorité, sur les nouvelles méthodes visant à aborder et à solutionner les problèmes. Nous n’étions pas toujours du même avis, mais nous nous sommes bien complétés et notre collaboration professionnelle, pendant ces trois mois, a été extrêmement positive pour l’un et l’autre.

Au plan du naturisme, c’est ce type de collaboration que nous devrions tenter d’établir entre les jeunes et les plus âgés, ce qui nous permettrait d’envisager l’avenir avec optimisme et de sortir une fois pour toutes de cette période de déclin qui affecte et menace notre mode de vie.

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