La trichophobie, en êtes-vous atteints?

Par RaySoleil

Si vous savez ce qu’est la trichophobie, vous vous direz sans doute : pas encore ce sujet qui a été abordé maintes fois, notamment dans les forums naturistes, et pour lequel il n’y a vraiment plus rien à dire. Pour ceux et celles qui ne savent pas, la trichophobie est tout simplement la phobie des poils.

Il s’agit, bien entendu, d’un sujet plutôt délicat à traiter, puisque le fait de conserver ou non ses poils demeure un choix très personnel, mais, comme il s’agit d’un réel phénomène de société, il mérite qu’on s’y attarde, d’autant plus que le tout s’avère davantage apparent en milieu naturiste que « textile ».

Mais qu’est-ce qui a bien pu déclencher cette guerre incessante et virulente envers cette pilosité qui a pourtant comme seul but de nous protéger?

En fait, les poils sont des caractères secondaires féminins et masculins. Apparaissant à l’âge de la puberté, ils sont le signal de la maturité sexuelle et du passage à l’âge adulte.

Les poils que nous avons sur le corps ont principalement une fonction de protection et, dans une moindre mesure, de thermorégulation en participant, entre autre, à l’évaporation de la sueur.

Les cheveux, tout d’abord, viennent protéger la peau du crâne des rayons du soleil et de la chaleur. Les hommes atteints de calvitie savent très bien que la peau du crâne brûle très rapidement en l’absence de ces précieux cheveux et, par temps froid, ils viennent ralentir la déperdition de chaleur. Les sourcils et les cils ont pour fonction de protéger les yeux de la sueur et de la poussière. Les poils des narines empêchent l’entrée de particules dans le système respiratoire. Les poils pubiens et ceux des aisselles ont pour but d’éviter la friction, l’échauffement et l’irritation des zones mobiles, soit les bras et les jambes. De plus, les poils du pubis préviennent l’irritation tout en jouant un rôle de tampon protecteur lors des rapports sexuels et, chez la femme, protège les voies vaginales des microbes. Tout le reste de la pilosité permet, notamment, de retenir la sueur et d’éviter un ruissellement constant sur le corps. On remarque d’ailleurs que les personnes qui transpirent beaucoup ont tendance à être plus poilues que celles qui transpirent peu, qui ont alors une pilosité légère, parfois inexistante.

Les motivations pour se débarrasser de cette « monstrueuse » pilosité sont très nombreuses, variables selon les individus et aussi, différentes selon qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme. De plus, dans bien des cas, il peut s’agir d’une décision de couple.

Chez la femme

Les femmes n’ont pas décidé, comme ça, du jour au lendemain, de se raser les jambes et les aisselles. Jusqu’au milieu des années ’20, aux États-Unis, l’épilation était une pratique très peu courante, car pratiquement tout le corps était caché. La tendance s’est accentuée au fur et à mesure que les femmes s’autorisaient à montrer leur corps. Lors de la deuxième guerre mondiale, les pin-up qui posaient, plus ou moins dévêtues, pour le réconfort des soldats au front, arboraient des aisselles et des jambes exemptes de poils. L’arrivée des bas de soie ou de nylon, symbole d’élégance, au lieu des bas de coton ou de laine que portaient les femmes des générations précédentes, nécessitait un rasage constant qui deviendra la norme.

Les techniques d’épilation se sont raffinées au cours des années de sorte que celle-ci est devenue de plus en plus définitive : rasage, épilation à la cire chaude, bandes autocollantes, produits dépilatoires, électrolyse et maintenant, le laser.

Pour la région génitale, le phénomène est relativement nouveau, mais s’est rapidement répandu. Quand on regarde des magazines naturistes datant de 20 ou 30 ans, on remarque que le rasage du sexe était peu fréquent.

Il est certain que l’avènement et l’omniprésence de la pornographie ont contribué, à certains égards, à amorcer un courant qui s’est accentué avec la venue d’Internet. Une vulve parfaitement épilée est maintenant devenue la norme et on a réussi à nous convaincre que « poilu » est maintenant un synonyme de « sale ».

Si vous connaissez l’œuvre de Gustave Courbet, datant de 1866, L’Origine du monde, représentant le sexe et le ventre d’une femme allongée nue sur un lit, les cuisses écartées, on peut rapidement conclure que cette vision ne correspond pas aux normes esthétiques d’aujourd’hui, quoique, personnellement, je n’y trouve rien de répugnant, de dégoûtant ou de sale, bien au contraire.

Les canons de la beauté féminine résident maintenant dans un idéal de peau blanche et soyeuse, évoquant la jeunesse et la fraîcheur. Les femmes, par l’épilation et toutes sortes de méthodes, peaufinent ainsi leur féminité pour mieux s’en convaincre et, bien entendu, pour en convaincre leur compagnon. Le plus triste, au fond, est que cela leur enlève symboliquement leur maturité sexuelle endossant ainsi l’image que nous renvoient sans cesse les magazines, soit celle d’une femme sans rondeurs, sans poils, maigrichonne, aux allures de petite fille.

Chez l’homme

Pour les hommes, la question des soins esthétiques est plutôt récente. Les poils qui étaient, auparavant, un symbole de masculinité, sont devenus pour certains, l’ennemi à abattre. La clientèle des salons d’esthétique est maintenant composée de presque autant d’hommes que de femmes.

Les hommes de la communauté gai ont été les premiers à exhiber des torses musclés et des abdominaux sculptés, sans aucune trace de poils. Comme cela plaît à beaucoup de femmes, certaines d’entre elles ont convaincu leurs conjoints poilus de se convertir à l’épilation.

D’ailleurs, en s’achetant des sous-vêtements, les hommes peuvent immédiatement constater, en voyant le modèle sur la boîte, que les poils ainsi que les « bédaines » ne sont pas en vogue.

Influencés, eux aussi, par l’industrie pornographique, et, à l’instar des femmes, le rasage génital est également très répandu. Certains vont même jusqu’à se raser le corps en entier, privilégiant aussi des moyens définitifs, car la pilosité est généralement plus forte que chez la femme, ce qui devient astreignant de maintenir cette « hygiène » impeccable. Pour les hommes aussi, il semble que « poilu » soit un synonyme de «sale ».

Des motivations conscientes et inconscientes

Si on creuse un peu plus, on peut se demander si cette haine des poils ne vient pas de notre peur de vieillir, d’une peur quelque peu maladive de ne pas correspondre aux idéaux de beauté et de jeunesse qui sont grandement valorisés par la société.

Les poils sont devenus le symbole du dégoût et de la peur devant ce corps biologique, naturel et, surtout, mortel. En se débarrassant de leurs poils, certaines personnes auront l’impression de conserver leur jeunesse, de repousser l’inévitable, ce qui est illusoire. D’ailleurs, toutes les interventions pratiquées sur le corps (chirurgies esthétiques, produits anti-rides, cures amaigrissantes, etc.) vont dans ce sens.

On peut aisément constater que le courant a atteint de plein fouet le milieu naturiste où le rasage génital est largement répandu, au nom de la sacro-sainte propreté, selon l’opinion de plusieurs. Même la FQN semble considérer les soins esthétiques et l’épilation comme un élément de première importance, puisqu’elle a diffusé, dans son site Internet, pendant plusieurs années, une annonce de centre de soins esthétiques pour naturistes.

Mon opinion personnelle de la chose

Au risque d’avoir l’air démodé, de passer pour un négligé ou un malpropre, je préfère personnellement rester au naturel, m’autorisant un léger « entretien », au besoin. En fait, je suis quelqu’un qui a une hygiène corporelle impeccable et, pour moi, les poils ne sont aucunement un signe de saleté ou de laisser-aller, mais remplissent simplement la fonction pour laquelle ils sont présents.

De plus, je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à me bichonner et je ne suis pas tellement du style « petit pot de crème ». Je prends soin de ma santé, j’entretiens mon corps et je soigne mon apparence dans le mesure du raisonnable et je vous dirais que le seul fait de me raser les joues, à tous les jours, me suffit amplement.

Dans mon cheminement comme naturiste, qui m’a permis de m’assumer et d’accepter totalement mon corps, il est certain que les poils font partie du package.

Comme je le disais au début, il s’agit d’un choix bien personnel que je ne juge absolument pas, mais que je ne fais que constater. Comme je suis un partisan du juste milieu, en toute chose, je pense qu’il doit y avoir un équilibre à trouver entre le look de l’homme et de la femme des cavernes et celui du chat sphynx.

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