Pratique du naturisme au Québec

Par RaySoleil (2014)

Il y a quelques semaines, je suis tombé par hasard sur une intervention que je déposais sur les forums, il y exactement deux ans, alors que j’affirmais que les plages libres représentaient un potentiel intéressant pour assurer la relance, la revitalisation et le développement du naturisme.

Comme la situation a bien peu évolué depuis ce temps et que le sujet est plus que jamais d’actualité, il m’est apparu pertinent de dresser une sorte de portrait de notre pratique du naturisme, ici au Québec.

En fait, nous pouvons diviser la pratique du naturisme québécois en trois grands volets : les centres naturistes, les plages libres et les activités urbaines. Nous nous attarderons à chacun, mais au départ, il faut considérer qu’ils sont tous importants, mais que leur influence sur l’avenir du naturisme dépendra des volontés et de la vision des différents intervenants.

  • Les centres naturistes 

Ceux qui me connaissent savent que ma préférence va depuis toujours à la pratique en centre. J’avoue qu’il s’agit d’une préférence bien personnelle basée sur un sentiment de sécurité que procure l’encadrement offert par les centres et par le fait que la nudité soit obligatoire lorsque la température le permet. À mes débuts comme naturiste, il y a près de 25 ans, j’ai bien sûr expérimenté, tant les plages libres que quelques centres naturistes. Il y a différents genres de centres et il s’agit de trouver celui qui correspond le mieux à nos intérêts et celui au sein duquel nous nous sentons bien et à l’aise.

Dans l’état actuel des choses, je pense que la relance du naturisme ne passera malheureusement pas par les centres puisque la majorité de ceux-ci fermeront probablement leurs portes ou seront vendus à des intérêts textiles, à plus ou moins brève échéance, en raison du manque de relève et des effets de plusieurs décennies de pratique discriminatoire qu’ils ont eux-mêmes instaurées afin d’éloigner certaines catégories de naturistes. Les centres qui survivront seront ceux qui auront accepté de se renouveler, d’amorcer un grand virage afin de tenir compte des besoins de la clientèle naturiste et de la diversité des modes de vie d’aujourd’hui. Une part importante des naturistes du Québec n’a pas évolué au même rythme que le reste de la société, notamment en ce qui a trait au concept de la famille et c’est bien triste.

  • Les plages libres

De ce côté-là non plus, les choses ne sont pas nécessairement simples. Ces lieux ne font l’objet d’aucune réglementation et les personnes qui choisissent de les fréquenter le font à leurs propres risques. Il existe quelques plages libres au Québec, mais aucune n’est reconnue officiellement par les autorités gouvernementales.

En fait, plusieurs endroits où la pratique du naturisme était pourtant tolérée depuis de nombreuses années ont disparu. Pourquoi? Des plaintes de la population et la fermeture de nos gouvernements face au naturisme, tant au Québec qu’au Canada : on n’a qu’à penser aux arrestations survenues au Lac Meech, à l’automne 2011, ainsi qu’au renforcement de la répression policière dans ce secteur, depuis le printemps dernier.

Cette fermeture d’esprit me fait parfois peur, car j’ai l’impression que nous  avons régressé et que nous  revenons petit à petit à l’époque de la « Grande noirceur » alors que, sous l’emprise de la religion, on considérait le corps humain et, en particulier, les parties génitales comme quelque chose de laid et de sale qu’il fallait absolument cacher. Même si notre société s’est laïcisée, cette tendance au puritanisme est observable chez nous et aussi, ailleurs. Chaque fois que nous perdons un lieu naturiste, si petit soit-il, cela représente une catastrophe pour la communauté naturiste toute entière.

Un autre problématique touchant les plages libres vient de cette minorité d’individus, davantage animés par leurs fantasmes de voyeuristes et d’exhibitionnistes qui viennent sur les plages et ruinent nos efforts en adoptant des comportements inappropriés. Ce ne sont pas des naturistes; ils sont peu nombreux, mais leurs actions malsaines ont des conséquences extrêmement négatives sur notre avenir, car ils ternissent notre réputation auprès du grand public.

Tout cela vient donc relancer le débat entourant la reconnaissance officielle, par les autorités, des plages libres et autres endroits dédiés aux naturistes ou du moins, considérés clothing optional, comme on le dit en anglais.

De tels endroits comportant une zone bien définie, assortie d’indications appropriées, évitent aux gens qui ne le souhaitent pas, de voir des personnes nues tout en procurant une sécurité aux naturistes. De manière générale, les naturistes qui ont l’opportunité de profiter de ces endroits exercent une surveillance informelle des lieux tout en les conservant dans leur état naturel.

Nous retrouvons ce genre d’endroits partout dans le monde, notamment dans plusieurs pays d’Europe, parfois en plein cœur des centres-villes. Les naturistes ont ainsi la possibilité de vivre tranquillement et sereinement leur mode de vie et prouvent que la cohabitation avec la population textile est tout à fait possible.

Les plages libres comportent des avantages pour les personnes qui veulent s’initier au naturisme. Le fait de ne pas être obligé de se dévêtir et de pouvoir s’acclimater à la nudité publique, à son propre rythme, plaira à certains. Elles peuvent aussi constituer une alternative pour les couples dont l’un des conjoints n’est pas naturiste car cela leur permet d’être ensemble tout en respectant les souhaits et préoccupations de chacune et de chacun. Par contre, pour d’autres personnes, cela pourra être un frein à leur initiation au naturisme en créant un malaise de se dévêtir devant des gens habillés; ces personnes auront alors avantage à tenter leur première expérience dans un centre naturiste.

La reconnaissance des plages libres est un dossier complexe qui doit faire l’objet d’une collaboration serrée entre la communauté et les organisations naturistes, telle que la FQN. Comme naturistes, c’est à nous d’explorer, de dénicher des endroits, de se les approprier, d’en faire la publicité, de les documenter et de les soumettre à la Fédération qui pourra alors approcher et talonner les autorités de tous les paliers de gouvernement afin que de nouveaux accès nous soient éventuellement donnés.

  • Les activités urbaines

Les activités urbaines sont particulièrement importantes pour permettre aux naturistes de pratiquer des activités sportives, récréatives ou de détente dans un contexte de nudité sociale.

Elles contribuent à renforcer le réseau naturiste et à briser l’isolement pendant la saison froide qui s’avère très longue au Québec. Depuis que nous avons des activités dans notre région, nous pouvons affirmer qu’une communauté naturiste est maintenant solidement établie et active dans la Capitale-Nationale. L’organisation de ces activités devrait être l’affaire de groupes locaux ou régionaux qui sont les plus en mesure d’évaluer le type d’activités qui plaira aux naturistes de leur région et sera susceptible de répondre à leurs besoins. Cela s’applique également aux grands centres, comme Montréal, dont les naturistes ont, eux aussi, leurs besoins particuliers.

En conclusion, il est difficile de prédire la direction que prendra la pratique du naturisme au Québec au cours des prochaines années. Comme je le mentionnais au début de cette chronique, cela dépendra de la volonté, de l’ouverture d’esprit et du type de collaboration qui s’établira entre les parties en présence. Une chose est certaine, c’est que tout le monde devra mettre l’épaule à la roue, mettre de côté ses intérêts personnels pour le bien de la cause, pour le bien des générations qui nous suivent.

Réponse de Jean Morency (23 avril 2014)

Je reviendrai sur les  » Activités urbaines « .
Je pense comme vous  » qu’elles contribuent à renforcer le réseau naturiste…. » Et c’est peut être là en partie la lumière au bout du tunnel. Ces liens qui se renforcent d’année en année et se perpétuent durant la belle saison à pour conséquence d’un sentiment d’unité et de groupe. Il peut qu’être bénéfique pour le Mouvement naturiste. Et aussi des liens prometteurs peuvent se créer entre régions, cette perception d’unité, de groupe renforce le sentiment d’appartenance au Mouvement Naturiste dans son ensemble.

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